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Quelques remarques préliminaires à propos du texte de …

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L’entame du texte surprend positivement. Si l’ancien chef du gouvernement continue de faire sienne la désormais consacrée formule de “ la restauration de l’État national ”, il faut relever qu’il fait un pas significatif en considérant que l’effondrement de l’État algérien[1] date du XVI siècle. Pourtant, un peu plus loin, les vieux démons primaux du nationalisme algérien le rattrapent. Le voilà qui considère que la Régence ottomane était “ Un État national dirigé par des étrangers” ! Qu’est-ce que cela ? Que recouvre cette étrange notion ? Toujours dans le même registre, Hamrouche, renvoie la mise en place de cette domination aux appels des autochtones et occulte la volonté de puissance mise en œuvre dans une exceptionnelle violence par la fratrie Aroudj. Le texte trahit trop vite les espoirs que son incise peut susciter.

Le second aspect qui appelle reproche est celui de sa perception de la composante du peuple algérien. Bien qu’implicite dans le texte, il est tout à fait possible de l’approcher, c’est celle, prégnante dans le système, qui prône le brassage de populations perçues comme distinctes dans l’optique d’inventer un algérien “nouveau”[2]. Cette approche trahit une profonde méconnaissance des réalités non seulement de l’Algérie, mais de toute Tamazgha, notre espace géopolitique [naturel] marqué par une profonde unité anthropologique.

L’autre point sur lequel il faut s’arrêter est l’appréciation des différentes périodes de cristallisation du pouvoir et de mise en place de l’État, si tant est que, dans le cas algérien, on puisse les distinguer. Mouloud Hamrouche, s’il qualifie la crise de l’été 1962 de “tournant dramatique qui causera un retard préjudiciable pour le projet de l’État au profit d’un système de pouvoir plutôt que de gouvernance”, n’en considère pas moins que le régime de Boumediene est une continuation de l’élan entamé dans le feu de la guerre d’indépendance. Cette approche fait l’impasse sur la véritable dérive qui remonte au mois d’août 1957 (CNRA du Caire). C’est donc en toute logique que Hamrouche minore la Soummam et souscrit à un “novembrisme” qui en fait est “aoûcisme” tardif et surtout anti-soummamien.

Si l’on s’en tient au texte de M. Hamrouche, la patrimonialisation de l’État algérien est une déviation tardive. Or, les caractéristiques principales de ce pouvoir État et non de cet Etat-Nation remontent aux premières années de la guerre et n’ont fait que se consolider au fur et à mesure qu’augmentaient les ressources à la disposition des régents.

Le texte a donc ce mérite d’être l’expression élaborée, de l’intérieur même du système, d’une conception qui se veut Nationale-Démocratique. Il constitue donc une occasion de débattre de la nature du système lui-même et de sa capacité ou pas à porter une telle orientation.

[1] Je dirais des États algériens, principalement la dynastie Hafçid à l’Est et la ziyanide à l’Ouest.

[2] C’est là toute la philosophie des écoles d’excellence chaperonnées par l’armée

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