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Un décret paru au Journal officiel donne la liste des membres de l’académie algérienne de la langue Tamazight. L’encre du Jo n’a pas eu le temps de sécher que l’un des spécialistes annonce publiquement qu’il n’était pas question pour lui de s’inscrire dans “la cohérence projetée”.
Abderrazak Dourari a publié sur sa page Facebook un avis public de retrait. On peut y lire : “J'avais déclaré en juin 2018, après avoir entendu la version finale du statut retenu, lors de la dernière réunion du comité ad hoc chargé de la rédaction dudit projet de loi organique, devant les responsables de l'État présent, que je ne m'inscrivais pas du tout dans cette cohérence projetée et que de ce fait je ne pouvais honnêtement être membre de cette institution”. La divergence de vue est donc à ce point importante que cette personnalité publique ne peut faire partie de cette académie. Malheureusement, le processus de création de cette académie s’est fait en vase clos et surtout dans le désintérêt des milieux militants dont le combat a amené cette avancée significative.
Par elle-même, l’administration ne pouvait concevoir ce processus autrement que comme une opération totalement contrôlée. Elle ne pouvait l’ouvrir sur la société algérienne et encore moins sur son voisinage immédiat ou un peu plus éloigné. C’était aux militants de peser sur cette “opération” pour l’infléchir dans le sens le plus favorable possible qu’aurait pu permettre le rapport de force. Cela n’a pas été le cas. Le résultat est là, incontestablement mitigé, avec des noms d’importance restés hors de cette première mandature de l’académie de Tamazight et un autre nom, tout aussi important, qui claque la porte.
Sur un autre plan se pose la question de la manière avec laquelle la liste publiée au journal officiel a été confectionnée. Si A Dourari a claqué la porte de la sorte c’est qu’il ne s’attendait pas à ce que son nom y figure. Alors à quoi rime cette situation ? Ils sont combien à découvrir leur qualité d’académicien de la sorte, comme s’il s’agissait d’une banale nomination administrative ? À moins que dans le cas de Dourari il s’agisse plus d’une ultime pression pour l’amener à cautionner des choix qui n’ont pas son assentiment ? Bien que, dans ce pays, la tradition des nominations et révocations par annonces au 20 :00 est assez ancienne, la situation n’en reste pas moins intrigante. Peut-être aurons-nous le fin mot de l’histoire dans les prochains jours ?
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