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MBS : réhabilitation par la “concorde” de Boutefli …

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Les pachas de la néo-régence d’Alger auront, début décembre, l’infâme distinction de recevoir le boucher MBS. L’homme doit sortir de la séquence où le coup politico-médiatique d’un Erdogan fort de l’efficacité des services turcs[1] l’a enfermé.

MBS ne peut pas encore reprendre des selfies à Londres, Paris ou Washington. Toutes ces capitales où les opinions publiques peuvent être contenues, mais pas totalement muselées ne peuvent être les premières destinations du maléfique prince. Alors la basse besogne revient aux vassaux du sud.

Il faudrait être naïf, au point de la débilité, pour croire que les capitales du centre impérial peuvent céder aux sensibleries de leurs opinions. Qu’elles pourraient se résoudre, pour des considérations de “respect” des droits de l’homme, de “condamnation” des assassinats politiques ou de tortures, à la mise à mort de la poule aux œufs d’or. Leur souci est de sortir MBS des cordes où l’a acculé le frèriste néo-Calife turc. Elles s’attèlent à offrir une version édulcorée à leurs opinions et à absorber leur émotion. Une version qui si elle ne les convainc pas, les dévissera à coup sûr. Donc, les neutralisera.

Cette version est celle d’un monde “arabe” et “musulman” qui réhabilite le repoussant prince. Qui l’accueille au lieu de le bannir. Le message sera limpide : si les siens lui pardonnent et se solidarisent avec lui, ce ne peut être au monde “libre” de le condamner et par là même de s’aliéner une pléthorique partie de l’humanité qui, même si elle n’est pas totalement rentrée dans l’histoire, reste une part majeure du marché mondial ! Alger, le Caire et Tunis, sous le double patronage des capitales du centre impérial et de ses alliées péninsulaires, doivent s’acquitter de la mission. Elles le feront.

Mais, ces vassaux trouvent-ils quelques choses à gagner dans cette nouvelle humiliation ? Je crois que oui. À blanchir les mains ensanglantées de MBS elles s’assurent l’impunité de leurs propres forfaitures en matière répressives. Faire passer tous les muselages, tous les mauvais coups contre les libertés pour des particularismes culturels est un point d’accord entre tout ce beau monde.

Une fois qu’elle aura honoré le boucher, ira-t-on attendre d’Alger qu’elle respecte les libertés ? Une fois qu’elle aura souscrit par les faits à la théorie d’une culture intrinsèquement liberticide attendra-t-on d’elle qu’elle se démocratise ?

La venue de MBS à Alger est donc doublement à condamner : d’abord en raison du fait qu’elle est un geste de réhabilitation d’un boucher, ensuite pour ce qu’elle constitue des arrhes versées pour les silences qui couvrent les atteintes aux droits et libertés dont la moindre n’est pas la cinquième intronisation en vue.

[1] Les [inattendues} capacités d’écoutes des espions turcs à l’intérieur du consulat saoudien ont fait échouer le scénario d’un Jamal Khashoggi disparu après avoir quitté l’édifice consulaire.

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