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Malek el Ma’out est aux arrêts à Abou Dhabi

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Tout le monde bouge, tout s’agite, c’est que “la vague du changement” semble être là. Se pourrait-il qu’elle réalise de façon imminente son œuvre ? l’illusion est tellement vraisemblable que les plus avertis peuvent s’y laisser prendre.

Même aux plus circonspects, une cinquième mandature de Bouteflika paraît comme l’outrance de trop. Pourtant, ce n’est pas une mauvaise blague ; malgré le déferlement de colère et sauf dérapage majeur, le 19 avril, Bouteflika sera fêté par ses clientèles comme le monarque à vie qu’il a toujours rêvé d’être. Dès lors, les fossoyeurs auront l’ordre de creuser la tombe présidentielle et l’autre générationnelle[i].

Du militantisme, l’homme qui n’a connu  que le sombre côté que ses instructeurs, le sinistre Boussouf et le calculateur Boumediene lui ont fait découvrir. De la pratique politique, il n’a eu que la culture de la malice et la ruse qu’il a fourbue et aiguisée dans les arcanes diplomatiques. Planqué dans les salons algérois, il a rongé son frein en attendant son heure. En 1994, il savait le rapport de force encore défavorable à ses desseins. À ce moment-là, en froide bête politique, il décline la proposition de nomination au poste de chef d’État. Sournoisement, il préfère continuer son travail souterrain jusqu’au jour où lui et ses amis étaient suffisamment fort pour renvoyer Zeroual à son patelin natal. Bouteflika arrive au pouvoir et, reconnaissons-le, la blague disait vrai : il met le clignotant à “démocratie” et il vire à “despotisme”.

Pourtant, au moins partiellement, il a dévoilé son jeu. Publiquement, il a dit ses haines. Sa détestation des journalistes ; son désir d’en découdre avec les militaires et son refus de se soumettre à la “Constitution”. Il a révélé ses accointances avec les chefs du FIS, et a assumé sa caution aux nervis armés qui écumaient les maquis. Plus jeune, a-t-il affirmé, il aurait pris part au combat de “Monsieur Hattab” ! Si l’on dissipe les écrans de fumée dont il est friand, il est aisé de voir qu’il a tenu sa feuille de route. Et l’on mesure à quel point cette autre sentence populaire est pleine de bon sens : si la route ne lui avait pas été barrée en 1979, Bouteflika serait resté au pouvoir depuis cette date-là !

L’Homme est donc cohérent avec lui-même et fidèle à sa doxa de petit dictateur fourbe et sournois. Mais se pose la question des mécanismes de sa réussite et des forces qui portent ses succès. Sur quoi s’appuie-t-il pour imposer ainsi sa volonté ? D’aucuns avancent qu’il joue des clivages qui traversent la Régence. Bouteflika, en Horace d’exception, tuerait un à un les Curias de la Régence. Ainsi a-t-il isolé Mohamed Lamari, puis Mohammed Medienne, puis la clique des cinq, puis …. Et puis. Mais, cette explication ne permet pas de comprendre le pourquoi du cinquième mandat et du “Culte du Cadre”. Ces outrances de trop qui activent le courroux populaire et jettent la population dans la rue. Pourrait-on croire que les oligarques et les barons de la caste militaro-bureaucratique seraient à ce point fascinés par le Régent qu’ils mettraient en péril leur système nourricier ? L’histoire récente du pays nous montre à quel point ils peuvent être féroces en pareilles circonstances. Boudiaf l’un des historiques de novembre a eu droit à une rafale de mitraillette dans le dos. Or, Bouteflika, même important, paraît hors de portée d’une telle “solution”. Même un scénario à la générale Ben Ali, ne semble pas pointer son nez.

C’est donc que l’homme est protégé des Dieux. Et qui mieux que les potentats du Hidjaz pour se faire les interprètes des volontés divines ? Durant ses quelques années de bannissement, loin de la France, où Chadli avait de très bonnes relations avec les socialistes français, Bouteflika avait trouvé refuge dans la péninsule Arabique. À sa réintroduction dans le premier cercle du pouvoir, Abdelaziz a ramené dans ses bagages ses mécènes d’hier. Il est intéressant de voir aujourd’hui à quel point ceux-ci sont introduits y compris dans des domaines touchants à la sécurité du pays (Gestion des ports, fabrication militaire…). Le pays étant sa chose, Abdelaziz a tenu à leur rendre au centuple ce qui lui avait été donné. Mais, il n’a pu le faire qu’en jouant de la fragilité d’un personnel politique corrompu jusqu'à la moelle. Avec des biens et des avoirs dissimulés dans ces terres lointaines d’Orient, le patriotisme leur est devenu un luxe interdit ! Cela est une exagération ? Pas du tout. Regardez le rôle joué par ces boutefeux à nos frontières. Est-il admissible que les Émirats deviennent les maitres du jeu libyen et que l’Algérie se taise ? Est-il admissible que le Conglomérat des potentats du Golf s’ingère dans notre profondeur sahélienne et que l’Algérie reste au garde-à-vous ? Jusqu’aux opérations françaises et américaines dans cette région qui doivent beaucoup aux pétrodollars arabes. Exagéré aussi ? Essayez d’expliquer les excuses officielles présentées pour le Tifo d’Ain Mlila ? Qu'est-ce qu'elles révèlent ? Qu'est-ce qu'elles disent des rapports qui lient Alger à Abou Dhabi et Riyad ? Ne montrent-elles pas que des rapports de vassalité se sont installés ?

Gaïd Salah qui passe pour être l’homme fort du régime visite continuellement ces contrées qui semblent avoir pris un sérieux ascendant sur notre sort et sur celui de notre Nation. Même pour la fabrication de véhicules Mercedes les chemins passent par la péninsule arabique.

Le régime subit donc le caprice de son enfant terrible. Il attendra que Malak El Ma’out daigne cueillir son âme. Mais, le régime réprimera le peuple parce qu’il a peur d’être lui-même réprimé par ses suzerains. Parce que les régents ont peur d’être dévoilés et jetés en pâture à une nouvelle opération “iskat ennidham”, parce qu’ils ont peur que les émirs ne leur confisquent leurs biens et leurs magots dérobés. En fin de compte, nos régents apprennent à leurs dépens que s’agissant de Bouteflika et de ses amis arabes, il ne faut les avoir ni en amis ni en ennemis.

Ce n’est pas parce qu’ils sont pris en étaux que les régents pensent sérieusement à une démocratisation de l’État. Ils subiront Bouteflika jusqu’à son dernier souffle ; mais ils préparent déjà le ravalement de façade de la Régence. Ils nous annoncent une “Conférence nationale de l’Entente” dont, disent-ils, les recommandations seront exécutoires. Ils l'annoncent sans exclusive ; mais ils ne disent mot sur son mode de désignation. Parce qu’il ne semble pas qu’elle sera une instance élue. Il s’agira donc d’une grande kermesse où la classe politique, les associations, les clientèles, les syndicats d’intérêts vont décider de la prochaine configuration algérienne. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une constituante. Voyons-le, c’est le dessein de reproduire l’usurpation post octobre 1988.

Une constituante ne peut être qu’une assemblée souveraine, élue à la proportionnelle intégrale, sur des listes nationales, à l’issue d’une période où les vestiges de l’ancien régime sont liquidés. Or, la conférence de Bouteflika vise justement à pérenniser l’état de fait actuel avec ses rapports de forces tronqués, ses lobbies cachés et ses violentes confiscations. C’est donc tout le contraire d’une constituante que la Régence a programmé. Face à ce coup d’avance, les démocrates se laissent submerger par la vague du “non au 5e mandat !”. Alors que la véritable bataille est ailleurs. Qu’elle est dans la construction de leur convergence, dans l’affirmation de leurs valeurs et principes. Dans la cristallisation de leur projet comme alternative au despotisme et à la théocratie.

[i] Ne pas oublier le discours de Sétif où il signifiait à ses compagnons la fin de leur temps.

Sidi Said et pas Sidhoum Said ou Sidsen Said

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L’égaré de Londres, engraissé comme un canard, s’en prend au patronyme du patron de l’UGTA. “Sidhoum Said” dit-il, comme si dans sa perfide bouche cette dérision pouvait être en résonance avec une quelconque affirmation émancipatrice. Même en caricature, un vassal consentant ne sera jamais un libérateur.

Cette boutade, qui peut paraître banale. Elle est en fait un élément de la vaste agression permanente qui vise notre société. Une agression dont le nom est la néo-islamisation (el fath el Djadid). Elle fait partie d’une tentative de déstructuration agressive de notre sociologie. Les plus réactionnaires des Ulémas des années trente avaient amorcé ces attaques contre l’Islam populaire, sufi et confrérique, qui structure les segments traditionnels de nos sociétés nord-africaines et subsahariennes.

Le nouvel islam qu’ils veulent imposer passe par la défiguration de nos fêtes ; la chosification de nos sœurs, le travestissement de nos obsèques. En un mot, ils travaillent à la dévalorisation de nos traditions et leur enterrement.

De Londres, faisant croire que lui n’aurait de maître que son Dieu, alors que nous savons tous qu’il est le servile serviteur de ses Émirs, il s’en prend aux At Sidi Said. Mais, qui sont les At Sidi S’îid ?

Les At Sidi S’îid sont un ensemble de petits hameaux à la périphérie de Tala Bwudi (Ain El Hammam – Ex Michelet). Historiquement rattachés à Taourirt Menguellet, ces hameaux sont habités par des populations Imravden. En Kabylie, cette notion renvoie bien plus à des fonctions sociales qu’à un statut de caste. Les fonctions que remplissaient les Imravden dans la société traditionnelle se rattachaient à l’érudition et aucunement à la généalogie. Amraved peut être éducateur, imam, conciliateur ou arbitre. Amraved ne vient pas d’ailleurs, mais il est généralement issu d’une famille nombreuse dont le labeur de bras nombreux a permis de financer les études du benjamin. C’est donc le Kabyle qui en s’arrachant au dur travaille de la terre devient Amraved.

Dans le cas des At Sidi S’îid, cette fonction a été poussée très loin, jusqu’à une forme de proto-institutionnalisation. Ce au sein de leurs hameaux que se trouve le fameux Assekif Netmana. Ce sanctuaire où toute personne pouvait trouver protection et salut, quelle que fût la raison de son refuge. C’est là que le poète troubadours, Si Muh Umhend, a trouvé refuge, lui l’impénitent amateur d'opium, à la poésie grivoise et sarcastique a trouvé refuge chez les At Sidi S'îid, alors que chez les maitres de l'égaré il aurait été décapité et son corps jeté aux rapaces.

Je sais très bien ce qu’est Madjid Sidi Saïd, l’un des douze salopards comme dirais un Tizi-Ouzouen. Mais sa détestation ne doit pas aveugler et surtout pas valider des menées contre notre société. L’égaré de Londres sait ce qu’il fait lorsqu’il lance cette pique, il sait ce qu’il fait lorsqu’il demande de ne pas brandir le drapeau unitaire nord-africain. Ce charognard est un semeur de guerres civiles et l'une de celles qu'il rêve mettrait aux prises Kabyles et Imravdhen.

Gaz « batel » pour les investisseurs

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Le gaz ne vaut plus rien sur les marchés internationaux. Fini le temps où son cours était déterminé par des formules fixées dans le corps de contrats à long terme. Maintenant, pour l’essentiel des quantités écoulées sur les marchés internationaux, il est fixé sur les marchés spot. Ce sera bientôt le cas pour l’ensemble des ventes. Cela annonce de sombres perspectives pour un pays gazier moyen tel que l’Algérie. Même son rôle de variable d’ajustement dans l’équation stratégique des approvisionnements de l’Europe va disparaître. C’est donc que l’urgence n’est pas au niveau du maintien du niveau de production comme cela est préconisé par Ould Kaddour et ses amis texans, notamment par un traitre recours à l’exploitation des gaz de schistes.

Il s’agirait plutôt, pour un pays comme l’Algérie, d’un changement total de stratégie. Une démarche qui irait à pas forcés dans une direction qui, je le concède, n’a pas été concrétisée en près de 60 ans d’indépendance. Vendre du gaz aux prix qui seront les siens dans les prochaines années n’aura aucun sens. Donc il faudra soit :

  • Encourager la production industrielle en offrant quasiment le gaz aux sociétés qui viendraient à se créer ou à s’installer en Algérie. Il faut donc augmenter la consommation intérieure en encourageant ses usages manufacturiers et industriels.
  • Provoquer un boom dans le secteur de la pétrochimie et arriver à ne plus vendre d’hydrocarbures bruts.
  • Se positionner sur le marché Euro-Africain de l’électricité avec de grosses capacités de production à partir du solaire par concentration. Ce qui appelle le développement urgent de réseaux de transport de l’électricité, sachant que jusque-là les réseaux Nord et Sud ne sont pas interconnectés en Algérie.

Le rehaussement du niveau de réserves pétrolières par le consentement d’investissements conséquents en vue de l’acquisition de techniques de récupération secondaire ou tertiaire dans le bassin de Berkine notamment à Hassi messaoud pourrait procurer des ressources financières qui soutiendraient un effort stratégique qui aurait à valoriser le moindre dollar de recette.

Dans ce moment de mutation majeur du secteur pétrolier, peu d’acteurs pointent ces questions du doigt. Peu d’avis s’expriment dans le débat public.

La priorité n’est pas l’“Algérie”

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 Ce qui me préoccupe ce n’est pas l’Algérie, c’est le sort du projet démocratique en Algérie. L’Algérie peut connaître une stabilité sous le 5ème round de Bouteflika, une stabilité achetée à coup de prébendes ou imposée par le pléthorique appareil de répression. Elle peut aussi connaître une longue somnolence sous le joug des islamistes que le Régent, une fois ses règlements de comptes achevés, peut tout à fait introniser au pouvoir (il n’y qu’à voir la cooptation actuelle du msp-mokri comme interlocuteur privilégié). Ce n’est donc pas ces “stabilités” là que j’espère, d’ailleurs y aurait-il stabilité dans l’avenir proche ?
 
Ce qui me préoccupe c’est le sort de ce patrimoine de luttes, de combats et d’espérances qui témoigne de l’abnégation et des sacrifices de générations de militants.
 
Ceux d’avant l’indépendance, militants de l’ENA, pour qui l’intuition était de s’inscrire de cet espace naturel qu’est l’Afrique du Nord. Ces ouvriers, mineurs, marchands ambulants, hôteliers qui ont découvert l’universalité de leur humanité dans l’apprentissage de la lutte sociale, syndicale et nationale. Ils étaient la matrice sur laquelle est venue se grefferla première génération de nationalistes qui n’ont pas connu l’immigration. Lycéens, ouvriers dans les manufactures ou les domaines agricoles, saisonniers ou colporteurs, seront l’ossature de l’ultime soulèvement national face à la colonisation. Dans le feu du combat, c’est toute une jeunesse qui s’est engouffrée dans une épopée qui n’a pas été qu’embuscades et coups de forces, accrochages et attentats. Dans cette épopée il y a eu l’apprentissage de l’être collectif, l’accès massif à la conscience pour soi. Les maquis et les prisons étaient aussi des écoles d’alphabétisation, de professionnalisation et de politisation.
 
Malgré “l’indépendance confisquée” la flamme ardente de l’espoir d’un avenir humaniste a continué à faire battre bien des cœurs, ceux des opposants aux despotes et aux putschistes, des étudiants qui se percevaient auxiliaires du progrès, ceux d’Algériens découvrant la profondeur multimillénaire de leur culture, de volontaires qui se sont dressés devant l’islamisme en arme, de militants qui malgré les aléas, dans une diversité chaotique et des approches souvent superficielles, continuent à porter cette idée d’une Algérie Républicaine, Démocratique et Sociale.
 
C’est le sort de ce combat qui me préoccupe. C’est le devoir d’aider à lever la prochaine vague qui me guide et m’habite. Aujourd’hui ce projet est minorisé et la Régence rêve de la néantiser et de lui fermer toute perspective historique. C’est pour cela que la première tâche aujourd’hui est de refuser les amalgames avec ceux qui ne se réclament pas de ce patrimoine, ceux qui ne le connaissent pas. Ceux-là, s’ils ne nous voient pas comme des ennemis, nous perçoivent, au mieux, comme des supplétifs tout juste bons à faire l’appoint des forces.
 
Aujourd’hui nous sommes profondément divisés et nous le resterons tant que nous ne sortons pas de ces “identités” surfaites qui nous segmentent. Tant que nous ne nous positionnons pas à partir de cette identité fondamentale qui est la nôtre depuis les années 1920 : celle de modernistes. Cette identité qui recouvre tous nos engagements républicains, démocratiques, sociaux, laïques et humanistes.
 
Nota : Au moment où j’écrivais cette note est tombée la dépêche APS annonçant le projet Bouteflikien de conférence “inclusive”. Je vois dans cette perspectives la confirmation des dangers que j’entrevois pour le projet démocratique.

La crise algérienne met aux prises trois protagonistes …

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Le premier, la caste militaro-bureaucratique qui a patrimonialisé le pays de sorte qu’elle peut affirmer que l'État c’est elle ! Hétéroclite, prédatrice et despotique, elle ne porte d’autres projets que celui de l’enrichissement de ses régents et de l’entretien de ses clientèles qui constituent un véritable Makhzen. Historiquement, elle n’est ni viable ni durable. C’est un accident de l’Histoire.


Les deux autres s’identifient dans les partisans d’un côté de l’État théocratique et d’un autre côté dans ceux de l’État moderne.


La régence ne se maintient que par la neutralisation subtile, mais déterminée, de la confrontation historique qui doit trancher l’irréductible antagonisme qui oppose les deux seuls projets de société en présence. Elle se fait socialisante à un moment et religieuse à un autre et peut, momentanément, si elle s’en sent la force, renvoyer les deux projets dos à dos. L’essentiel pour elle est de prolonger sa main mise sur l’État au prix de la persistance du blocage historique dans lequel elle maintient l’Algérie.


Le système néopatrimonial, qui a émergé dans le feu de la guerre d’indépendance, menace à terme l’Algérie d’effondrement. Il faut donc qu’il disparaisse au plus vite. Est-ce pour autant qu’il faut considérer qu’il existe une possibilité d’entente entre les projets antagoniques qu’il contrarie ? Qu’il faut, alors que leur antagonisme est essentiel, qu’islamistes et modernistes s’unissent pour disqualifier la régence ? D’aucuns pensent que l’alternative à la Régence serait fatalement un compromis entre les deux projets fondamentaux. Mais, un tel compromis serait-il autre chose que la reconduction de la régence elle-même. Une reconduction dans son indigence sociale, son fonctionnement primitif et ses confusions idéologiques, politiques et juridiques ?


Des trois protagonistes deux partagent des conceptions et des modes de fonctionnements compatibles. L’Habillage démocratique dont la Régence se pare est voué au sort de la peau de serpent. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir le nombre de constitutions qu’elle a consommé depuis sa fondation. Infiniment plus que les véritables démocraties. Alors que l’autoritarisme dans son fonctionnement, la ségrégation dans ses perceptions, sont pour leurs parts caractérisées par la stabilité. La régence est donc « génétiquement » plus compatible avec la théocratie qu’elle ne pourra jamais l’être avec la Démocratie.

Il faut donc entendre que fondamentalement la régence peut composer avec l’islamisme alors que cela lui est impossible avec les modernistes. Les islamistes peuvent trouver place dans le système sans reniements ni renoncements. Mais les modernistes sont condamnés à opérer une double rupture qu’ils demeurent incapables de concevoir de concert. Les islamistes en intégrant le système l’imprègnent de leur identité, alors que les démocrates, dans la même entreprise, perdent la leur et s’abiment dans ce qui leur sera toujours un marais.

C’est l’incompréhension de tout cela qui fait notre drame actuel. Nous connoter dans le statut contre nature de témoins du mariage naturel entre la régence et l’islamisme. Accompagner les étapes de ce que notre existence même nous commande de combattre avec la dernière énergie.
Le projet ? La solution ? C’est rompre avec l’accident de l’histoire et venir à bout de la pesanteur de l’histoire. C’est une double rupture inévitablement, inéluctablement et inexorablement fatale.

Quelques remarques préliminaires à propos du texte de …

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L’entame du texte surprend positivement. Si l’ancien chef du gouvernement continue de faire sienne la désormais consacrée formule de “ la restauration de l’État national ”, il faut relever qu’il fait un pas significatif en considérant que l’effondrement de l’État algérien[1] date du XVI siècle. Pourtant, un peu plus loin, les vieux démons primaux du nationalisme algérien le rattrapent. Le voilà qui considère que la Régence ottomane était “ Un État national dirigé par des étrangers” ! Qu’est-ce que cela ? Que recouvre cette étrange notion ? Toujours dans le même registre, Hamrouche, renvoie la mise en place de cette domination aux appels des autochtones et occulte la volonté de puissance mise en œuvre dans une exceptionnelle violence par la fratrie Aroudj. Le texte trahit trop vite les espoirs que son incise peut susciter.

Le second aspect qui appelle reproche est celui de sa perception de la composante du peuple algérien. Bien qu’implicite dans le texte, il est tout à fait possible de l’approcher, c’est celle, prégnante dans le système, qui prône le brassage de populations perçues comme distinctes dans l’optique d’inventer un algérien “nouveau”[2]. Cette approche trahit une profonde méconnaissance des réalités non seulement de l’Algérie, mais de toute Tamazgha, notre espace géopolitique [naturel] marqué par une profonde unité anthropologique.

L’autre point sur lequel il faut s’arrêter est l’appréciation des différentes périodes de cristallisation du pouvoir et de mise en place de l’État, si tant est que, dans le cas algérien, on puisse les distinguer. Mouloud Hamrouche, s’il qualifie la crise de l’été 1962 de “tournant dramatique qui causera un retard préjudiciable pour le projet de l’État au profit d’un système de pouvoir plutôt que de gouvernance”, n’en considère pas moins que le régime de Boumediene est une continuation de l’élan entamé dans le feu de la guerre d’indépendance. Cette approche fait l’impasse sur la véritable dérive qui remonte au mois d’août 1957 (CNRA du Caire). C’est donc en toute logique que Hamrouche minore la Soummam et souscrit à un “novembrisme” qui en fait est “aoûcisme” tardif et surtout anti-soummamien.

Si l’on s’en tient au texte de M. Hamrouche, la patrimonialisation de l’État algérien est une déviation tardive. Or, les caractéristiques principales de ce pouvoir État et non de cet Etat-Nation remontent aux premières années de la guerre et n’ont fait que se consolider au fur et à mesure qu’augmentaient les ressources à la disposition des régents.

Le texte a donc ce mérite d’être l’expression élaborée, de l’intérieur même du système, d’une conception qui se veut Nationale-Démocratique. Il constitue donc une occasion de débattre de la nature du système lui-même et de sa capacité ou pas à porter une telle orientation.

[1] Je dirais des États algériens, principalement la dynastie Hafçid à l’Est et la ziyanide à l’Ouest.

[2] C’est là toute la philosophie des écoles d’excellence chaperonnées par l’armée

Claquer la porte, oui ; mais…

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Un décret paru au Journal officiel donne la liste des membres de l’académie algérienne de la langue Tamazight. L’encre du Jo n’a pas eu le temps de sécher que l’un des spécialistes annonce publiquement qu’il n’était pas question pour lui de s’inscrire dans “la cohérence projetée”.

Abderrazak Dourari a publié sur sa page Facebook un avis public de retrait. On peut y lire : “J'avais déclaré en juin 2018, après avoir entendu la version finale du statut retenu, lors de la dernière réunion du comité ad hoc chargé de la rédaction dudit projet de loi organique, devant les responsables de l'État présent, que je ne m'inscrivais pas du tout dans cette cohérence projetée et que de ce fait je ne pouvais honnêtement être membre de cette institution”. La divergence de vue est donc à ce point importante que cette personnalité publique ne peut faire partie de cette académie. Malheureusement, le processus de création de cette académie s’est fait en vase clos et surtout dans le désintérêt des milieux militants dont le combat a amené cette avancée significative.

Par elle-même, l’administration ne pouvait concevoir ce processus autrement que comme une opération totalement contrôlée. Elle ne pouvait l’ouvrir sur la société algérienne et encore moins sur son voisinage immédiat ou un peu plus éloigné. C’était aux militants de peser sur cette “opération” pour l’infléchir dans le sens le plus favorable possible qu’aurait pu permettre le rapport de force. Cela n’a pas été le cas. Le résultat est là, incontestablement mitigé, avec des noms d’importance restés hors de cette première mandature de l’académie de Tamazight et un autre nom, tout aussi important, qui claque la porte.

Sur un autre plan se pose la question de la manière avec laquelle la liste publiée au journal officiel a été confectionnée. Si A Dourari a claqué la porte de la sorte c’est qu’il ne s’attendait pas à ce que son nom y figure. Alors à quoi rime cette situation ? Ils sont combien à découvrir leur qualité d’académicien de la sorte, comme s’il s’agissait d’une banale nomination administrative ? À moins que dans le cas de Dourari il s’agisse plus d’une ultime pression pour l’amener à cautionner des choix qui n’ont pas son assentiment ? Bien que, dans ce pays, la tradition des nominations et révocations par annonces au 20 :00 est assez ancienne, la situation n’en reste pas moins intrigante. Peut-être aurons-nous le fin mot de l’histoire dans les prochains jours ?

Naima Salhi El Mahroussa !

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Faut-il ignorer les provocations récurrentes de la marionnette Salhi-Leghimi ? Beaucoup le pensent et le point de vue serait pertinent s’il s’agissait, simplement, de la manifestation d’un dérangement mental. Or, il faut être volontairement niais pour prendre ses répétitives dérives pour des comportements qui lui sont propres.

Sans qu’aucune autorité vienne y mettre le holà, coup sur coup, cette chose étrange, d’un champ politique tout aussi biscornu, s’ingénie à défier la raison et à chercher l’irréparable. Personnage raciste, nihiliste et outrancier, elle attente à ce qu’il y a de plus profond dans l’identité algérienne. Elle ne le fait pas parce qu’elle se prétend incluse dans le mythique arbre généalogique de Fatima Bent Mouhamed, non ! Elle le fait avec l’assurance d’une protection supérieure. Une protection que lui procure un ordre de mission.

Que cette femme soit obsédée par une haine maladive des racines du pays et qu’elle se pense la dépositaire de la continuation de la mission du général Ommeyad, Okba, prêterait simplement à rire. Mais que cette démence s’exprime publiquement dans l’impassibilité de la puissance publique voilà qui est à interroger sérieusement. Qui empêche les poursuites contre cette femme ? Qui la missionne ?

Depuis quelques années, de nombreuses mesures prises par les régents s’articulent pour constituer un début de politique conséquente, sinon audacieuse, de reconnaissance de Tamazight. Si le triptyque Amazigho-arabo-musulman continue de donner l’illusion d’une approche pertinente de la question identitaire, alors même qu’il porte toujours, en lui-même, l’impasse sectaire qui perdure depuis 1930 ; les mesures adoptées sur les plans linguistique et culturel ne sont pas négligeables. Tamazight est sensée être officielle, Yennayer est chômé-payé et une Académie Amazighe devrait voir le jour. Un ministère de souveraineté a même rendu public un long communiqué en Tamazight. Alors, dans ces conditions, comment expliquer l’impunité de cette hurluberlue ?

Peu ou prou, tous les centres de pouvoir se sont conformés à l’officialisation de Tamazight. Fronton de ministères ornés en intitulés en Tifinagh. Prises de paroles en Tamazight, … seulement il reste un centre de pouvoir essentiel qui à ce jour n’a émis aucun signal de prise en compte de la reconnaissance de Tamazight. Il s’agit de la dorsale de la régence : l’armée et d’abord de son commissariat politique. Depuis des années, l’armée aurait dû intégrer Tamazight dans ses publications, ses parades et ses programmes de formation. Mais, El Djeich continue d'ignorer cette langue nationale ; les enseignements des écoles de l’armée continuent à distiller un arabisme éculé et les chants patriotiques en Tamazight, si nombreux et si anciens, ne font pas partie des défilés et parades des troupes. C’est bien là une regrettable façon de se distinguer !

Il faut donc, pour revenir à la question initiale, s’interroger: si Naïma Salhi a tant de bagou et d’audace, c’est peut-être qu'elle est protégée par des chefs de l’armée ? Peut-être même que ce serait Gaïd Salah en personne qui serait son mentor ? Il n’y a qu’une telle force pour la mettre hors de portée de la levée de son immunité parlementaire, de la prémunir de toutes poursuites judiciaires et même de la moindre critique officielle.

La question n’est donc pas banale et doit être franchement pointée : Naima Salhi est une provocatrice missionnée pour torpiller les avancées sur la question identitaire et ses parrains ne peuvent être que de toute puissance.