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Solidaire mais pas dupe !

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Je suis solidaire de toutes les victimes de l’arbitraire et je m’efforce d’être conséquent dans cette solidarité. Je m’efforce, non seulement, d’informer sur les cas dont  j’ai connaissance ; mais je m’astreins aussi à contribuer à l’organisation de la solidarité et à sa manifestation. Il est hors de question, pour moi, de me désolidariser d’une victime de l’arbitraire ; mais il est des questions qui nécessitent un débat public, franc et serein

Abdou SEMMAR et ses camarades sont victimes d’une cabale médiatico-judiciaire qui, en tous, points recoupe celles déjà nombreuses qui émaillent depuis longtemps l’actualité algérienne. Il est possible d’en énumérer quelques-unes, qui ne sont pas si loin de nous.

Kamel-Eddine Fekaher, Kacem Soufghalem et leurs camarades, activistes mozabites, ont subi les affres de l’injustice et se trouvent toujours sous ses fourches caudines ! Leurs camarades Abbouna et Sekkouti sont toujours bannis du pays. Les membres de la communauté Ahmadites restent une cible privilégiée d’une confessionnalisation honteuse de l’État. Les blogueurs et libres penseurs de l’intérieur du pays croupissent en prison dans un révoltant anonymat. Des livres sont interdits de vente et des walis sont chargés de venir à bout des “subversifs” cafés littéraires qui vivotent en Kabylie. Un jeune maçon, diplômé en sciences économiques, Merzouk Touati, purge une lourde peine de réclusion parce qu’il a dérogé au sacro-saint conformisme arabiste… tout cela est public et n’a certainement pas échappé au scrupuleux journaliste qu’est AB.

Semmar reste libre de déterminer sa stratégie de défense, qu’elle soit ou pas concertée avec ses avocats-conseils. Mais, la décence devrait empêcher qu’elle ne devienne un plaidoyer à la décharge de Bouteflika. Si malgré tout la dénonciation de l’injustice qui le frappe reste circonscrite dans les théories d’une guerre de sérail, aussi violente soit-elle, le rétrécissement des cercles de solidarité active avec lui et ses camarades restera la conséquence normale de cette option. D’ailleurs, elle s’exprime déjà.

La régence de Bouteflika est l’apogée de l’autoritarisme d’État qui s’attache au système de pouvoir en place depuis 1957. Oser lui prêter un attachement à un quelconque principe de liberté revient à avouer sa propre distance par rapport à ces principes. Dès son retour au cœur de la régence il s’est distingué par des attaques contre ceux qu’il désigne de Tayabat El Hammam (les journalistes). A-t-il raté une seule occasion de sévir. Il a emprisonné Mohammed Benchicou, liquidé le matin et d’autres journaux et télévisons. Il a promu le journalisme de caniveau et placé au-devant des médias des mercenaires sans foi ni loi. Comment le défendre ? Ou plus exactement, comment feindre de le défendre ?

Dans le cadre de cette régence, de l’Etat Makhzenien qui la porte et de l’économie de bazar qui les sous-tend, il ne peut y avoir ni démocratie, ni liberté de la presse, ni justice, ni équité. Je crois que Abdou et beaucoup d’autres journalistes algériens devraient s’intéresser à ce qu’était la presse à la fin du XVIII siècle en France. Il est des moments où la déontologie journalistique est dans un engagement franchement assumé en faveur des fondements d’une société des libertés. Hier ce principe était dans la résistance à la théocratie ; aujourd’hui, il est dans la résistance à l’alliance de plus en plus assumée de la régence en place et du même islamisme.

Je condamne les cabales qui touchent ABDOU et ses camarades, mais je me démarque des illusions semées au sujet d’un Bouteflika qui serait sur les pas de Benjamin Franklin !

Mohand BAKIR

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